C'était au pied de nos Pyramides. L'homme, de loin ne me faisait aucunement penser à Alberto. II ne portait pas comme un ostensoir son pépin, le solide produit de France fabriqué à Saint-Claude et acquis à Londres. Il penchait si peu du côté gauche que le souvenir de la Tour de Pise ne m'était pas revenu. Et pourtant, c'était Albrerto, coiffé de son invariable casquette écossaise. L'été rennais de 2016 l'avait un instant ragaillardi. Il maniait à la façon d'un dandy une canne légère plutôt qu'il ne s'y appuyait. Il en effleurait à peine le sable de l'allée, près des tilleuls qui le séparaient de la Cité judiciaire. Alberto m'interpelle :
- Alors, vous suivez les Jeux Olympiques ?
- Non, je regarde mes vieux films des chutes d'Iguaçu plutôt que les Cariocas contemporains dont les images défilent trop vite sur les écrans. Et puis toutes ces déceptions des simples médaillés d'argent dont les médias nous répètent la frustration à l'envi me font trop penser au brave Poulidor.
- Peut-être trouvez-vous votre bonheur cette saison en courant les magasins qui vendent au tout petit prix ? J'ai fait l'analyse des tracts enfournés contre ma volonté dans ma boîte aux lettres. Voilà le motif universel et fort ennuyeux de la publicité.
- Votre avis ?
- Ma mère m'a enseigné les deux principes d'économie domestique que j'ai toujours suivis. Un. As-tu vraiment besoin de l'objet que tu désires acheter ? Deux. Si tu en as vraiment besoin, essaie d'en dénicher un bon et paie-le le prix qu'il vaut.
Alberto n'a pas attendu ma réponse. Il était presque arrivé au boulevard de la Tour d'Auvergne lorsque j'ai repris ma marche vers Gergovie